Adam s’est embarqué dans un vol sans retour vers la France, d’où son sang est parti…
L’atterrissage s’effectua sans encombre alors que le jour déclinait ; sur le tarmac le ballet des gigantesques oiseaux de métal fascinait Adam ; les vapeurs de kérozène dessinaient des volutes dans l’air encore brûlant. Il descendit, suffoquant légèrement après le froid climatisé de la cabine de cette atmosphère étouffante et empuantie. La navette fila vers le terminal où, avec les autres passagers, il s’agglutina le long du tapis roulant, happant son bagage au passage. Le brouhaha, les cris, les retrouvailles, les annonces des haut-parleurs dans cette langue qu’il ne maîtrisait pas totalement l’étourdirent un instant ; il s’affala sur un siège vide.
Et maintenant ? Se dit-il. Il avait une photo, une adresse, quelques centaines d’euro. Il fut tenté d’envoyer une carte postale à Llorca, puis se ravisa. Reviendrait-il ? C’était peu probable. Il se dirigea alors vers le RER et s’engouffra dans le serpent rouillé en direction du cœur de la capitale. Il lui sembla que les regards baissés, anonymes, absorbés, l’évitaient, lui ; un ostracisme qui accrut sa solitude du moment.
Saudade. Mélancolie, Amertume, tristesse, éloignement. Seul. Désormais. A tout jamais ? Il se laissa ballotté par les cahots du métro s’enfonçant toujours un peu plus dans les profondeurs de la terre. Il descendit à Saint-Michel Notre Dame, rejoignit l’île de la Cité et se précipita dans la fraîcheur de la cathédrale.