Archives de la catégorie ‘Les entrevues de Marylin Tervioux’

Revenue d’une cure de désintoxication et sous son vrai nom de plume, Marylin Tervioux aka Stein, reprend le flambeau des entrevues sous pour, nous l’espérons, une série pas piquée à Anne Thon !

Et l’on commence avec un groupe mythique de la scène pagan française, j’ai nommé Nydvind, en la personne de son fondateur, Richard Loudin qui a bien voulu se prêter au jeu avec une bonhommie naturelle que ça fait plaisir.

(suite…)

Une entrevue exclusive de Chabtan, combo deathcore francilien qui se démarque par une thématique originale et parsème son métal de quelques accents folkloriques bienvenus.

Toujours sur la brèche, Marylin mouille le perfecto et approche le Next Big Thing du death à la française ; et il est francilien (contrairement à Gojira qui est bayonnais – et c’est ni de l’art ni du cochon) et il s’appelle Chabtan, du nom de la divinité maya incarnant la guerre, la mort violente et le sacrifice humain (Buluc Chabtan, appelé aussi Dieu F).

Du haut de ses 3 ans, Chabtan dispose déjà d’un EP accrocheur, Eleven (le nombre 11 étant associé à Buluc Chabtan) et propose cette année leur première véritable galette, The Kiss of Coatlicue – Coatlicue, déesse de la fertilité et de la terre1.
Et pour défendre leur oeuvre, ils s’offrent rien moins que la première partie de Nile et Suffocation sur pas moins de 10 dates en Europe !
Chabtan, dieu de la guerre et de la mort violente : tout est dit.
Le groupe officie dans un registre deathcore, tout en riff rageux et en hurlements hystériques qui rappelle plus Pantera ou Slipknot que Nile ou Amon Amarth quand bien même leur genre mêle puissance, vitesse et folklore. Nile d’ailleurs, on y revient car on retrouve des éléments communs dans la mythologie empruntée : les momies et les pyramides. Mais Cris, Dimitri, JeanPhi, Yanis et Laurent s’arrogent le droit de
digresser sur les légendes maya quand les Sud-Caroliniens préfèrent l’Egypte ancienne.
Stein vous propose un portrait dans le vif du combo parisien, têtes de Xolotl2 :

Stein: Ma’alob k’iin, Chabtan ! Tout d’abord, pourquoi les mayas ? Y a-t-il
un rapport avec Maya l’abeille ? Un souvenir de voyage ?
Chabtan: Salut l’ami et salut à tous les lecteurs ! Pourquoi les Mayas ? Bonne question. En réalité, nous voulions absolument que notre projet tourne autour d’un concept. Il était important pour nous d’avoir une source d’inspiration originale. En l’occurrence celle des mythologies mésoaméricaines qui nous offrent une culture riche et complexe et des légendes aussi violentes que sanglantes, ce qui nourrit nos textes, nos artworks et nos ambiances musicales. Nous voulions vraiment avoir un fil rouge pour nous inspirer et apporter quelque chose en plus, comme le font déjà certains autres grands groupes, nous en sommes bien conscients. Et pour la petite anecdote, c’est ma copine qui est passionnée par cette culture qui nous en a donné l’idée et qui a même trouvé le nom du groupe. Maya l’abeille n’y est donc pour rien dans cette décision!

Stein: Grand fan du métal pas comme les autres, je voue un grand plaisir à l’écoute de
groupes tels Nile, Melechesh ou Rotting Christ. J’avais été enchanté de découvrir Eleven, sa magnifique pochette qui laissait présager du très lourd, le chiffre onze se prononçant « Buluc » et ramenant une fois encore à Buluc-Chabtan. Si le propos est clair, l’ensemble, très cohérent, m’avait semblé trop direct, manquant peut-être de ce côté « folk ». Pour The Kiss of Coatlicue, on sent une approche plus diversifiée, des intros acoustiques assez magiques qui placent la barre haute et annoncent de beaux jours pour le groupe. D’ailleurs, aux lectures des diverses critiques du net (VSWebzine, Métal Intégral,
French Metal (et, bon, pas Angry Metal Guy bon, on va dire des zines francophones :P)) Comment vous sentez-vous après la pose de cet opus ?
Chabtan: C’est vrai qu’on nous a pas mal reproché, lors de la sortie de notre EP Eleven en 2012, de ne pas avoir assez exploité le côté « maya » musicalement. Je pense que nous
étions un peu frileux, on voulait marquer les esprits avec un EP efficace et avons préféré rester un peu dans le moule, ce qui avec du recul, est bien entendu une erreur. Mais nous avons tiré les leçons des critiques, très constructives, de l’EP et savions que pour la suite nous pousserions le concept bien plus loin musicalement. Et ce premier album en a fait les frais ! Notamment avec des intros acoustiques à la guitare classique, pour la plupart composées sur des gammes typées espagnoles pour le côté « musique latine » et des instruments tribaux et typiquement mésoaméricains.
Nous sommes très satisfaits de cet album car nous avons pris le temps de le mûrir et de le
peaufiner pendant 2 ans, nous avons réussi à avoir la prod. que nous voulions en travaillant avec Fredrik Nordström (In Flames, Arch Enemy, Dimmu Borgir) mais aussi car il a été plutôt bien accueilli par la critique internationale.
Nous savons donc que le côté « folk » peut et doit être poussé encore. Nous pensons d’ailleurs pour le prochain album nous offrir les services de musiciens capables de jouer sur ces vieux instruments mésoaméricains.

Stein: l’écriture ; quelles sont vos inspirations, quelles influences (littéraires, cinématographiques) parcourent vos textes ? Est-ce que, à l’instar de Karl Sanders, vous vous inspirez de la traduction de textes anciens ?
Chabtan: Nous n’avons qu’une seule source d’inspiration : Le Popol Vuh.
Le Popol Vuh est en quelque sorte la bible des peuples mésoaméricains à l’époque des
mayas. Il regroupe toutes les légendes des cultures maya, aztèque, olmèque, zapotèque,
toltèque… (NDS : une vraie bibliothèque !) Pour ce premier album nous nous sommes
concentrés sur la culture maya et chacun de nos textes en raconte une légende, notamment
l’histoire de leurs innombrables Dieux.

Stein: la musique ; des envies d’incorporer des instruments traditionnels ? Un chant en
quiché ? Des duo avec des artistes locaux ? Des sacrifices humains sur scène ?
Chabtan: Nous avons beaucoup parlé d’incorporer des instruments mésoaméricains
mais pour ce premier album, nous avons du nous contenter de logiciels de samples. Nous aimerions inviter pour notre prochain album des musiciens traditionnels, histoire de créer une réelle atmosphère, un peu comme l’avait fait Sepultura sur leur album Roots Bloody Roots. Nous ne souhaitons pas, pour l’instant, illustrer notre musique live avec des scènes théâtrales de sacrifices par exemple. Ca peut vite partir dans le kitch… mais on y a pensé ;)

Stein: Allez, entre nous, la musique, la scène, tout ça… C’est pour les filles ou pour le
pognon ? 😛
Chabtan: Dans le groupe nous sommes tous rangés des voitures, en couple, il y a même un papa parmi nous ! Concernant l’argent, ça fait bien longtemps que chacun de nous a intégré qu’on ne vivait pas de la musique en France, encore moins du métal et ce n’est d’ailleurs certainement pas notre but. Par contre on a tous une folle envie et motivation commune d’intégrer le paysage métal français et pouvoir défendre notre musique partout dans le monde, à commencer par le Hellfest ! La reconnaissance du public et la scène seraient notre plus belle récompense.

Stein: Ecce est un magazine des littératures de l’imaginaire, alors, vous lisez quoi ?
Chabtan: Tu as de la chance on a un littéraire dans le groupe, Cris notre chanteur, étude de philo et tout ce qui va avec ! Ses dernières lectures sont « Capitalisme, désirs et servitude » de Frédéric Lordon et « Dialectique négative » de Théodore W. Adorno. Ca calme !

Stein: Parlons Lovecraft : pourrait-il y avoir une incursion lovecraftienne dans l’un de vos
textes un de ces jours ? Notamment avec la théorie des anciens astronautes (par exemple, moi, je dis ça, je dis rien :P)
Chabtan: Non je ne pense pas car comme évoqué précédemment nous ne tirons nos histoires que du Popol Vuh et souhaitons garder ce fil rouge. Nous avons encore beaucoup d’idées et de cultures à découvrir et évoquer dans nos futurs textes. Je ne suis pas sur non plus que l’on ait le talent d’écriture qui nous permette de faire un clin d’oeil digne de ce nom à Lovecraft.

Stein: Depuis que je me suis immergé dans le monde de la musique underground, je
découvre une scène métal française riche et féconde, et malheureusement peu plébiscitée. Il me semble que peu de groupes français aient la chance d’avoir une carrière internationale. Et vous, avez-vous vocation à envahir l’hexagone ou à employer votre talent à la conquête du monde ?
Chabtan: Notre objectif est plus que clair, envahir le monde ! Plus sérieusement, nous
aimerions diffuser et jouer internationalement notre musique, voilà aussi une autre raison du choix de notre concept parlant d’une culture venant de l’autre bout de la planète. Peu de groupes français arrivent à s’exporter (Gojira, Betraying The Martyrs…), c’est aussi un défi qui nous motive ! Même si il y a un vrai public métal en France et de très bons festoches, les pays européens offrent également beaucoup de possibilités. Je pense aux pays de l’Est entre autres.
Et puis notre maison de disque étant danoise, cela nous motive à exporter encore plus notre son sans compter que pour boucler la boucle, nous nous devons de tenter une invasion en Amérique du Sud ! Mais pour l’instant nous nous concentrons sur notre tournée européenne en ouverture de Nile et Suffocation en Septembre, ce qui est déjà pour nous une belle opportunité et aventure.

Stein: Vos derniers coups de coeur (skeud, bouquins, toile ?)
Chabtan: Skeuds : le dernier The Arrs Khronos, l’album Tales of the sands de Myrath,
le dernier Orakle Eclats et le dernier Iron Maiden évidemment !
Bouquins : « Ars industrialis » de Bertrand Stiegler.
Côté ciné : « Ant Man », « Ex Machina » et « Mad Max » !

Stein: Pour finir, l’habituel portrait chinois ;
Si vous étiez une musique ?
La nôtre !
Un personnage de fiction ?
Ulysse !
Une figure du XXe siècle ?
Jean-Claude Vandamme (pour équilibrer avec Ulysse).
Une bière ?
Une Barbar, au miel! C’est notre côté « Maya » l’abeille 😛

Stein: Ka’a xi’itech, et merci ! On souhaite que Ek Chuah vous soit favorable !
Chabtan:Merci à toi, à ECCE, aux lecteurs et auditeurs qui font que notre passion et culture communes qu’est le métal perdurent !

L’après-tournée

Stein: Hello Chabtan ! La tournée européenne est terminée, alors, heureux ?
Chabtan: Oh oui et plus encore, c’était juste énorme et enfin une sorte d’exutoire pour nous après ces 2 dernières années à avoir préparé et sorti notre premier album 🙂

Stein: Entre nous, votre meilleure date c’était Lyon ? (Vous avez le droit de dire non :P) J’ai trouvé que l’ambiance y était très détendue, surtout entre Truth Corroded, Suffocation et Nile !
Chabtan: Lyon était une excellente date pour nous car nous jouions en France, mais c’était surtout la première de notre tournée. Je ne te dirai pas que c’était la meilleure car nous étions certainement un peu plus tendus qu’à la dernière mais nous avons senti date après date que nous progressions à tous niveaux. Donc chaque date a été la meilleure, l’une après l’autre 🙂

Stein: C’était votre première tournée de cet acabit ? Comment était l’ambiance avec les deux monstres Nile et Suffocation ?
Chabtan: En fait nous avions déjà tourné en Europe avec Immolation et Broken Hope en 2014 mais seulement quelques jours. Donc oui c’était notre première vraie grande tournée! Il y a eu une très bonne ambiance avec Nile et Suffocation, simplement parce que ce sont des gars vraiment cools et pas prise de tête. Nile étaient par contre très discrets, on ne les voyait que lors des balances, des repas et des concerts. Suffocation étaient plus abordables, plus présents, un peu plus fun pour être franc 🙂

Stein: Apparemment, les groupes satellites changeaient d’une date à l’autre, quels souvenirs de ces rencontres (entre les italiens de Bloodtruth, Resumed et Embryo, les australiens de Truth Corroded, …) ?
Chabtan: En fait on a croisé Bloodtruth et Truth Corroded sur seulement 2 dates, mais j’ai le souvenir que c’était vraiment des groupes qui avaient une certaine expérience et qui envoyaient du bois sur scène. Humainement on n’a pas vraiment eu le temps de se connaître. Par contre Embryo et Resumed étaient vraiment sympas, on a eu plus de temps ensemble, on a notamment partagé pas mal de loges et ce sont des gars vraiment bon esprit. L’ambiance était vraiment au top tout le long de la tournée. Je pense que tous les groupes support étaient heureux d’être là et conscient de l’opportunité de ce genre de tournée.

Stein: Quels retours avez-vous eu de vos performances, de votre musique, de Kiss of
Coatlicue
de la part du public ? Est-ce qu’entre groupes on se file des tuyaux ?
Chabtan: On a eu de très bon retours, surtout qu’on n’était pas tout à fait dans le style de Nile ou Suffocation. Mais on nous a pas mal félicité sur l’énergie qu’on balançait sur scène. Je pense qu’on a fait notre boulot comme il fallait le faire, en prenant beaucoup de plaisir et en donnant tout pendant chaque demie heure de show par soir. Les premiers live report vont aussi dans ce sens, ça nous a vraiment fait plaisir. Niveau tuyau, non, à vrai dire c’est tellement dur de choper ses propres bons plans dans ce milieu que chacun se les garde au chaud! C’est de bonne guerre ;)

Stein: Quelques anecdotes ? Un moment inoubliable ?
Chabtan: Franchement tout s’est déroulé sans accroc. Il y a une seule chose que nous
pensions avoir anticipé, les nuits. Nous n’avons pas pu prendre nos nuits d’hôtel comme nous l’avions prévu car entre chaque date nous avions environs 800 km à faire, ce qui nous laissait 2 à 3 heures de sommeil par nuit. Je dirai donc que les moments inoubliables sont les nuits, enfin les siestes, en camping sauvage sur les aires d’autoroute ! On en rigole aujourd’hui mais sur le coup c’était vraiment pas top! Niveau moments inoubliables, tout simplement la scène, notamment les dates en Espagne à Madrid et Barcelone où nous avons joué devant 300 personnes et ça c’était bandant !

Stein: Prêts pour réembarquer ? On ze road again comme on dit ? Ca vous tente la vie
nomade ?
Chabtan: Carrément par contre la prochaine fois on prendra l’option « tour bus »!!! 🙂 Oui
sérieusement on reprévoit ce genre de tournée si un jour nous décidons de sortir un nouvel
album. Mais pour 2016 nous allons plutôt tabler sur un max de festoches, que ce soit d’un point de vue financier ou même stratégique, jouer en festoche apporte beaucoup.

Stein: De vous à moi, si vous repassez sur Lyon, j’ai quelques bonnes adresses pour se jeter une mousse derrière l’oreille… Faites-moi signe, ce sera un honneur de vous servir de guide !
Chabtan: Le rendez-vous est pris avec grand plaisir ! Merci pour ton intérêt et ton soutien, on a besoin de ça 🙂

1 Depuis 2016, le groupe a sorti Nine Levels en 2018, voir ma chronique à ce sujet.
2 Xolotl est un dieu associé aux phénomènes doubles. Son nom peut signifier chien. Dont acte 😛

Pour en savoir plus :
La page Facebook du groupe
Entrevue initialement parue dans l’e-zine culturel Ecce N°7 (Janvier 2016)

Mon premier voyage à Ankh Morpork a été dans « Feet of Clay » (Pieds d’Argile, le Tome 19 de la saga), en anglais s’il vous plaît.
Devant la difficulté à comprendre l’argot morporkien, je me suis jeté dans la version française et là, révélation. L’oeuvre, foisonnante en personnages et péripéties regorge de jeux de mots, de références que l’on sent propres à la version française (rien que le Guet des Orfèvres sent la francisation, la version originale parlant de « Pseudopolis Yard ».) Où l’on se rend compte que le travail de traducteur n’est en rien un copier/coller du texte original, mais une réelle interprétation, voire une appropriation de l’oeuvre.
Le 12 mars 2015 la Mort nous aura ravi Terry Pratchett, un auteur majeur dans le monde de la fantasy et du fantastique (N’oublions pas les romans « De bons présages » en collaboration avec Neil Gaiman ou la trilogie de la Longue Terre avec Stephen Baxter), mais aussi un homme de coeur qui s’investissait dans le droit à la mort assistée et la sauvegarde des orang-outans.
Entretien exclusif avec Patrick Couton, traducteur officiel du Disque-Monde depuis le début, récompensé en 1998 par le Grand Prix de l’Imaginaire. Afin d’éviter le bis repetita d’interview précédemment faites (notamment par le site Vademecum, interview riche et intime), petite entrevue décalée sur l’homme derrière les mots.

Stein : Patrick Couton bonjour, avec la disparition de Terry Pratchett, vous voilà au chômage partiel… L’humour si particulier de Sir Pratchett va-t-il vous manquer ? Pourriez-vous aujourd’hui concevoir votre travail de traducteur sans cette rencontre littéraire ? (Foisonnante, avec d’illustres noms tels Michael Moorcock ou Tennessee Williams quand même !)
Patrick Couton : L’humour de Terry Pratchett va très certainement me manquer. Je serais étonné qu’on me propose un autre auteur de la même veine. Cela dit, je viens de terminer un recueil de ses nouvelles (qui ne relèvent pas du Disque-Monde) et je vais enchaîner avec « Mrs Bradshaw’s Handbook » (Mme Chaix dans la version française, personnage qui apparaît dans « Déraillé », puis dans le dernier Tiphaine Patraque.) Après quoi d’autres romans d’autres auteurs m’attendent à l’Atalante.

Stein : Avez-vous eu l’opportunité de rencontrer d’autres traducteurs du Disque-Monde,
de confronter leurs interprétations à la vôtre ?
Patrick Couton : Non, jamais.

Stein : Vous êtes-vous intéressé aux autres romans de Pratchett, « Good Omens » et « The Long Earth » notamment, oeuvres collaboratives certes, mais où la patte de l’intéressé se fait fortement ressentir ?
Patrick Couton : Hélas, non. Quand j’en ai le temps, je lis essentiellement des auteurs français, très rarement des traductions.

Stein : Le travail du traducteur, surtout sur une oeuvre telle que celle-ci, foisonnante et jouant tant sur la langue, nécessite forcément un investissement personnel, une appropriation du texte. Ne vous sentez pas parfois « coauteur » et fier du succès des romans, succès autant du à la trame narrative de Pratchett qu’à votre sens du jeu de mots, de la mise en scène et de la “régionalisation” des lieux et personnages qui permet aux français d’avoir sous leurs yeux des références “parlantes” ?
Patrick Couton ; Non, je ne me sens pas co-auteur. Parfois adaptateur, oui, quand il s’agit de faire passer des références ou des blagues à un lectorat français. Je suis bien entendu fier quand les romans ont du succès chez nous, car j’ai alors le sentiment d’avoir su rendre le sel de l’oeuvre originale dans notre langue. Je suis également fier quand des lecteurs anglais bilingues achètent aussi la version française.

Stein : Patrick Couton, traducteur mais aussi musicien, vous jouez, entre autres de l’autoharp (j’ai lu, notamment, que vous avez fait connaissance avec Pierre Bordage grâce au banjo !) Alors comment avez-vous découvert cet instrument et quel rapport entretenez-vous avec icelui ?
Patrick Couton : J’ai découvert l’autoharp en écoutant des disques de musique américaine dans les années soixante. J’ai appris très vite à en jouer au début des années 70 (on obtient des résultats très rapides quand on est déjà guitariste). Je me suis fait connaître en tant qu’autoharpiste aux Etats-Unis parce que je me suis très vite démarqué du répertoire habituel de cet instrument. C’est désormais mon instrument fétiche. Grâce à
lui j’ai déjà tourné plusieurs fois aux Etats-Unis, et je vais participer en juin prochain à un festival en Pennsylvanie puis en juillet à un autre festival en Ecosse (tous deux consacrés à l’autoharp).

Stein : Musicalement, quelles sont vos influences, vos inspirations ? Qu’écoutez-vous
en ce moment ? Et, car après tout c’est mon rôle premier dans Ecce, que pensez-vous
et que connaissez-vous du heavy metal et de ses rejetons ?
Patrick Couton : Mes influences sont multiples : Musiques traditionnelles américaine (old time, bluegrass, blues, cajun), française (toutes régions, mais surtout Bretagne), irlandaise, anglaise, écossaise… Mais aussi parfois le jazz, et même le musette (surtout le musette swing car, mon père étant accordéoniste amateur, j’ai baigné toute mon enfance dedans.) En ce moment j’écoute beaucoup Bill Frisell.
A ma grande honte, je ne connais pas grand-chose en Heavy Metal. J’ai bien sûr écouté comme tout le monde Led Zeppelin, Black Sabbath, AC/DC voire Hawkwind (parce que Michael Moorcock a collaboré avec ce groupe)… les classiques, quoi. J’en réécoute de temps en temps, surtout depuis que j’ai vu Robert Plant chanter, dans un autre genre musical, avec Alison Krauss dans un festival aux Etats-Unis, et aussi depuis qu’un groupe américain qui m’amuse beaucoup, Hayseed Dixie, reprend du AC/DC dans le style bluegrass.
Pour ce qui est des groupes actuels, j’avoue mon ignorance quasi-totale, bien qu’habitant à Nantes, c’est-à-dire tout près de Clisson et du Hellfest.

Stein : Pour finir, petit portrait chinois
Si vous étiez une musique ?
Patrick : Un blues de Skip James ou une valse swing de Tony Murena
Un personnage de fiction ?
Patrick : Arsène Lupin
Une figure du XXe siècle ?
Patrick : Albert Einstein
Une bière ? (On est belge ou on ne l’est pas !)
Patrick : La Duvel (et pourtant je ne suis pas belge)
Je signale tout de même que ces réponses pour le portrait seraient sans doute différentes dans un mois, une semaine, voire demain (sauf pour la bière, je pense).

Encore merci Patrick Couton !

Pour en savoir plus :
Le site de Patrick Couton : http://patrickcouton.fr/
Entrevue initialement parue dans l’e-zine culturel Ecce N°6 (Octobre 2015)

Foerster. Un auteur qui parle aux jeunes de quarante ans qui, comme moi, piquaient les Fluide Glacial du tonton aux chiottes (les Fluide, pas le tonton). Je dévorais l’humour décalé de Maester et ses phylactères à tiroir, les bluettes de Goossens ou les aventures punk et délirantes de Larcenet. Et puis je découvrais Philippe Foerster, son encrage que ne dédaignerait pas le Frank Miller de Sin City, ses sombres récits entre roman noir et quatrième dimension, rappelant parfois les pulps de « Tales from the Crypt ». Sombres, cruels, trash parfois, tranchant avec l’esprit « Fluide » (comme il y eut, en son temps, un « esprit Canal »). Aussi à l’aise avec des récits plus « traditionnels » et en couleurs, tels « Gueule de Bois » ou une aventure trépidante de Pinocchio devenu adulte, Philippe Foerster a pour lui une gentillesse et une humilité qui lui font honneur.
Avant de succomber aux horreurs littéraires de Stephen King et consorts, Foerster fut mon initiateur à l’imaginaire de l’horrifique. Partageant avec lui le goût du macabre et les racines belges, il me fait aujourd’hui l’honneur de répondre à quelques questions saugrenues.

Stein : Philippe Foerster bonjour ! La première question qui me taraude : Pourquoi ? Pourquoi l’Horreur, pourquoi Fluide Glacial a-t-il accueilli vos premiers récits ?
Philippe Foerster : Bonjour aussi. Ça c’est passé il y a bien longtemps, dans une lointaine galaxie où le service militaire existait encore. Donc, j’effectuais mon service militaire et le soir je dessinais des projets BD. Durant une permission, je me suis rendu à Paris, dans le but de faire le tour des rédactions des journaux et des éditeurs, un de ces projets sous le bras.
J’ai été voir (A Suivre), Pilote, etc. Andréas (NDLR: auteur allemand de bandes dessinées), qui habitait alors Paris, que j’avais été saluer à cette occasion, m’a conseillé d’aller voir Fluide Glacial, affirmant que l’histoire que j’avais faite pouvait leur plaire… Mais moi, je n’y croyais pas. Je pensais que cette histoire (« Dernière Porte au Sud ») n’étant pas du tout drôle, bien que relevant du graphisme humoristique, serait d’emblée rejetée. Mais je me suis laissé persuader et j’ai été à la rédaction de Fluide, par acquis de conscience en quelque sorte. Le magazine était alors géré par Jacques Diament qui m’a gentiment reçu, bien que n’ayant pas pris rendez-vous. Il a lu l’histoire et hésité :

« Je ne peux pas décider moi-même pour ce genre de truc… Faut que je montre ça à Gotlib… Ça pourrait l’intéresser, même si ça ne rentre pas tout à fait dans le cadre de l’humour Fluide Glacial… Faut que je garde les pages… Gotlib passe dans quelques jours. »
Mais comme j’avais d’autres rendez-vous, j’ai dit que je préférais garder mes planches et repasser une autre fois ! Les pages étant au lavis, je ne pouvais pas non plus laisser de copies valables… Je suis donc reparti comme un con… Je suis revenu chez moi et dans ma caserne, j’ai refait une deuxième histoire et la première ayant été refusée partout, j’ai envoyé les deux à Fluide. Après, j’ai reçu une lettre me disant que Fluide publierait, si j’acceptais, les DEUX histoires. La lettre était signée Diament… et Gotlib !

Non seulement ça avait plu, ce serait publié mais pas par n’importe qui : Marcel Gotlib ! « Dans la joue jusqu’au cou » comme aurait dit ce dernier ! J’emploie toujours la formule de Roberto Benigni quand il a travaillé pour Fellini pour décrire ce moment : « C’est comme un charpentier qui serait engagé par Saint Joseph ! » J’ai écrit et dessiné quelques autres histoires, puis Diament m’a demandé d’être présent dans le journal tous les mois… Et c’était parti. J’ai pu faire dans un journal rigolo des histoires tristes et sombres (avec tout de même une petite touche d’humour) pendant des années. Ils ont sorti 11 albums compilant ces histoires d’humour noir, parfois très noir.

Maintenant, pourquoi des histoires d’horreur, je ne sais pas… C’est ce qui me touchait le plus en littérature et en cinéma, et je pensais pouvoir être capable de creuser ce sillon. C’est la façon de voir le monde qui me semble la plus pertinente. Comme, une fois que Gotlib avait choisi un auteur, personne n’intervenait plus du tout dans le contenu des histoires, il n’y avait aucune censure d’ordre commercial ou autre, j’ai pu faire ce que je voulais, comme je le voulais… Et en remettant toujours une couche supplémentaire de noirceur. Mais comme c’était pour Fluide, je me suis toujours efforcé d’y mettre une petite touche d’humour, ce qui n’était pas plus mal ; ça allégeait quelque peu ce côté sinistre à tout-va.

Stein : Si vos écrits abreuvent le lecteur de corps et de visages déformés qui n’ont rien à envier à Jérôme Bosch, ils n’oublient pas pour autant la dimension humaine. Comment naissent vos victimes ?
Philippe Foerster : Les idées viennent d’un peu partout… Un fait divers, une métaphore dans un bouquin, une expression langagière (par exemple : « On est ce qu’on mange » m’a inspiré l’histoire « De l’Autre Côté »), un film dont une image m’a marqué, et j’extrapole toute une histoire à partir de cette image (la tête-araignée du film The Thing de John Carpenter m’a inspiré « L’Araignée Mélomane »), etc.

Stein : Quelles sont vos dernières plaisantes découvertes littéraires qui pourraient influencer vos oeuvres futures ?
Philippe Foerster : Ma dernière grande découverte, dans le domaine du fantastique est celle de Féérie pour les Ténèbres de Jérôme Noirez… Un livre génial… Une superbe écriture… Je pense que les futurs bons écrivains fantastiques vont venir de France et d’Europe (je pense à Noirez, mais aussi à China Miéville qui est anglais…) Les américains commencent à vraiment être tous trop formatés sur le moule Stephen King… Il n’y a plus d’entité, de personnalité présentant un univers propre, à la Lovecraft ou Bradbury… Y échappait Lucius Shepard, le « Joseph Conrad » de la science-fiction, mais il vient de mourir ! Mais bon, je ne sais pas si à mon âge on peut encore être influencé ; je deviens trop vieux pour ça et, de plus, toutes mes influences ne viennent pas du genre fantastique… Je suis en train de relire Flannery O’Connor, écrivain(e) sudiste américaine. Si j’étais écrivain, je voudrais écrire comme elle ! Elle était géniale, impitoyable et super drôle.

Stein : Lovecraft ensuite. Dans votre dernière parution, Le Confesseur Sauvage (aux éditions Glénat), il est fait référence plus qu’implicite à Howard Philip Lovecraft concernant ce personnage octopode (si l’on en croit la critique du « Calamar Noir« ). Quels ont été vos premiers pas dans la folie cosmogonique de Cthulhu et ses frères ?
Philippe Foerster : Lovecraft… Je l’ai découvert quand j’avais quatorze-quinze ans… J’avais lu tous les Jean Ray et la traduction d’Edgar Poe aux mythiques éditions Marabout et Lovecraft était toujours cité comme le « troisième grand du fantastique », mais dans la province belge où je résidais, il était introuvable… Ce n’est que quand je suis parti habiter Bruxelles que j’ai pu m’en procurer un, en « Présence du Futur ». J’ai immédiatement été subjugué et je me suis immergé dans ce monde poisseux et angoissant. Le reste de mon argent de poche a du passer dans l’achat d’autres volumes… Puis je l’ai lu et relu… Mais je ne pense pas pouvoir le rajouter dans ma liste « Influences ». Je n’y ai pas pioché grand chose, c’est un univers trop particulier… L’église que squatte le « Confesseur Sauvage » s’appelle Saint-Chtuluh, mais c’est plus un clin d’oeil à un emblème du genre fantastique qu’autre chose, ce n’est pas une utilisation véritable de la sphère lovecraftienne… Même chose pour les tentacules du père Irradieu, ça fait partie des clichés liés aux mutants… Fallait qu’il y en ait un avec des tentacules, et pourquoi pas le personnage reliant toutes les histoires ?

Stein : D’autres auteurs qui auraient voie au chapitre ?
Philippe Foerster : J’en ai déjà cité pas mal. Mais pas l’essentiel : Philippe K. Dick. Il est à mon avis incontournale dans le domaine fantastique / science-fiction. Il poste toutes les questions essentielles et, cerise sur le gâteau, peut s’avérer drôle… Plus littéraire, Thomas Pynchon. Pas classé dans le genre fantastique… Mais il y touche souvent (comme à tous les autres d’ailleurs) Immense, inclassable, mais plein d’humour lui aussi… Sa description du Londres du blitz est à la fois très réaliste, grotesque, pleine de personnages bizarres ou tordus et parfois tellement étrange qu’on touche au fantastique pur… C’est lui-même un personnage fantastique, vu que personne ne l’a jamais vu… Il n’existe pour ainsi dire aucune image de lui… Sauf dans les « Simpson », où il apparait masqué d’un sac en papier !

Stein : Et pour finir, petit portrait chinois : Si vous étiez une musique ?
Philippe : Une musique de Tom Waits. « Poor Edward » par exemple (NDLR : Alice, 2002)
Stein : Un personnage de fiction ?
Philippe : Oncle Creepy (NDLR : le « narrateur » des histoires d’horreur du magazine Creepy paru entre 1964 et 1983 et relancé depuis 2009)
Stein : Une figure du XXe siècle ?
Philippe : George Romero.
Stein : Une bière ? (On est belge ou on ne l’est pas !)
Philippe : La Mort Subite.

Encore merci à Philippe Foerster pour sa participation !

Entrevue initialement parue dans l’e-zine culturel Ecce N°5 (Juin 2015)

Pour faire écho à l’interview exclusive de Jeff Grimal par LVCM pour l’e-zine Ecce, Marylin s’octroie l’honneur de contrecarrer les propos cités par d’impertinentes questions.

On ne présente plus Jeff Grimal, hurleur charismatique du groupe d’ambient / progressive black metal d’influence lovecraftienne The Great Old Ones, déjà coupables d’un premier opus remarquable, Al Azif et responsables désormais du grandiloquent Tekeli-li dont deux titres sont proposées en écoute libre sur le Sampler MMXIV du label Les Acteurs de l’Ombre. Jeff se targue aussi de peindre l’univers du ténébreux de Providence dans de magnifiques aquarelles (qui servent de pochettes aux albums, et rien que pour ça se sont des objets de collection !), mais aussi de mirifiques illustrations dont on peut profiter, notamment dans le dernier numéro d’Ecce mais aussi sur la galerie personnelle du bonhomme.

Si Al Azif a été ouï et chroniqué dans la rubrique du e-zine (et, concurrence oblige, non reproduit ici, allez donc lire les tablettes idoines bande de béotiens !), Tekeli-li ne reste au moment où ces lignes sont rédigées que partiellement esgourdi au regard de la compilation généreusement offerte par le label.

Questions.

Marylin : Une question me taraude, pourquoi cette reprise du Bachelorette de Björk ? Army of Me, Hunter auraient plus correspondu à l’univers de TGOO ? Ou pour rester dans le lovecraftien, Cthulhu Dawn de Cradle Of Filth, The Thing That Should Not Be ou Harvester of Sorrow de Metallica ? Des pistes cachées prévues pour les prochains albums ?

Jeff : C’est Ben (guitariste) qui nous a fait la surprise. Il a composé ça chez lui en secret, c’est un grand fan de Björk et on a tout de suite été ravis vu que l’on est tous fans de cette artiste. Army of Me et Hunter sont aussi des titres excellents, je pense que cela aurait pu correspondre mais Bachelorette est quand même ni plus ni moins qu’un hymne. Pas loin de 13 ans que je connais cet album, et cela tient encore merveilleusement la route aujourd’hui. Un classique, donc. Nous ne sommes pas fans de Cradle of filth et pour ce qui est de Metallica, je pense que beaucoup de groupes l’ont très bien fait, et que faire le choix d une artiste « pop » est plus intéressant. Pour les prochains albums je ne peux rien dire pour le moment…

M : Qu’est-ce qui différencie, musicalement parlant, TGOO des autres groupes de votre label « Acteurs de L’Ombre » tels Deuil ou Regarde Les Hommes Tomber, ou même Year Of No Light ? Tu les écoutes aussi ?
J : Tous les artistes des « Acteurs de L’Ombre » ont une identité propre, tout en restant sombre comme nous. Deuil fait un post black qui peut se rapprocher de notre musique, tandis que Regarde les Hommes Tomber ont un coté plus hxc, d’ailleurs les membres du groupe jouent dans ce genre de formation. Pour ce qui est de Year of no Light ils ne sont pas sur les « Acteurs de L’Ombre » ils sont sur le label « Debemur-Morti » (Note de Marylin : j’avais oublié de le préciser. J’avais simplement remarqué des accointances musicales). Oui, j ‘aime beaucoup leur musique, ce sont des potes, c’est aussi une influence pour The Great Old Ones.

M : Qu’est-ce qui t’attire dans le Black, plus que dans le Death ou le Grind par exemple ? Quels groupes ont fait saigner tes oreilles dernièrement, dans le genre ?
J : C est vrai que j’aime beaucoup le black mais j’ai pas plus d’attirance pour un style ou un autre,je suis un grand fan de death et de grind et de nombreux styles de musiques. Dernièrement, j’aime beaucoup l’album de Thantifaxath Sacred White Noise qui est un black metal torturé et vraiment original. J’ai pris aussi une bonne claque avec Bölzer un duo guitare batterie black death, sinon j écoute surtout en ce moment de la musique classique et principalement le courant minimaliste comme Steve Reich ou Arvo Part.

M : Je subodore que le lien évident entre black metal et Lovecraft, c’est le côté nihilisme, insignifiance de l’homme face à l’univers et à l’inconnu, brièveté de la vie ?
J : Oui cette noirceur colle parfaitement au style black metal, c est tout de suite ce qui m’a plu chez cet auteur : le coté mystérieux et envoûtant de ses récits, la façon dont il décrit le mal insondable, la noirceur absolue, le difforme à l’état pur. Il m’a tout de suite envoûté, et dès mon plus jeune âge, j’ai dévoré ses histoires avec beaucoup de frissons au début et d’admiration par la suite.

M : Du chant en français ?
J : Tu peux entendre du français sur le dernier album « Tekeli-Li » donc oui.

M : J’avoue, à ma grande honte, je n’ai pas encore écouté Tekeli-li, mais le titre « Antartica » présent sur le Sampler MMXIV des Acteurs de l’Ombre m’a franchement impressionné par le travail, la profondeur du son ! Ce son, ô mon Dieu ! R’lyeh qui surgit ! Quelles évolutions avez-vous voulu apporter entre cet opus et le précédent ? Où irez-vous dans le prochain ?
J : Oui en effet, une évolution en terme de son, plus gros, plus mastodonte, nous avons travaillé avec pas mal d’effets comme la réverb’ ou le delay pour aboutir à une intensité compacte et lumineuse. De plus, l’accomplissement musical est plus torturé tout en restant limpide. Je pense que nous avons très bien retranscrit l’identité des Montagnes Hallucinées. Je ne peux rien dire pour le moment sur le prochain, nous sommes en plein dans la promo de Tekeli-li.

Merci Jeff pour ces éclaircissements, nous souhaitons longue vie à TGOO, puissent l’alignement des Pléïades vous être bénéfique !

Toujours à la recherche des auteurs de l’ombre, Marylin se frotte aujourd’hui à un autre artiste soon-to-be : Tom Robberts, illustrateur et écrivain.
Marylin Tervioux : Tom Robberts, bonjour,
On vous connait pour vos participations aux anthologies Babel, la Ghilde des Mondes en tant qu’illustrateur talentueux (et ce n’est pas de l’adobe :P) et auteur des Chroniques de Darkob et de Jon March, (ex)Détective ; vous êtes aussi le sympathique blogger du Portail Noir et de Jon March.
MT : Alors, Tom, la frite, ça Daz ? (Désolé) Tom Robberts c’est un pseudo ou une anglicisation de Thomas Van Robbrughe ? (En même temps, belgian power, je revendique ma propre belgitude !)
TR : La frite mais pas seulement, aussi la mayo et éventuellement la fricadelle! Pour le nom je l’ai choisi basé sur un personnage de Dan Brown dont je suis fan.
MT : Une bière de prédilection ?
TR : La Gulden Draak une fois! Je l’ai découverte grâce à un ami et depuis ce jour c’est ma bière de prédilection, ma petite drogue mousseuse du samedi soir. 
MT : Combien d’éons ont subi tes affronts scripturaux ?
TR : Si tu veux parler de la  puissance spirituelle émanant d’un principe suprême et caractéristique des gnoses néoplatoniciennes, la réponse est simple: beaucoup.
MT : Quels sont tes maîtres, tes inspirations, tes dégoûts ?
TR : Maîtres (et même maître cinquante au minimum): Tolkien, Stephen R. Donaldson, Tad Williams, Terry Brooks. Dégoûts? C’est pas le genre de la maison 😛
MT : Qu’est-ce qui t’a amené à la rencontre des affreux de Lulu qui se sont réunis sous la bannière de la Ghilde des Mondes ?
TR : J’ai été contacté par Vincent qui sous couvert de promesses basées sur ma future renommée internationale, de reconnaissance dans le monde de la fantasy et d’une célébrité sans borne, Vincent donc qui m’a attiré ainsi à participer sur Babel. Je ne le remercierai jamais assez de cette invitation qui a été une source énorme de créativité.
MT : L’illustration, un passe-temps ou une vocation ? Ta technique picturale préférée (Peinture, Dessin, Vectoriel, 3D ?) Que préfères-tu du pinceau ou de la plume ?
TR : Passe-temps, c’est certain. Je m’y suis mis lorsque j’ai commencé mon blog avec l’idée de réaliser ce que j’avais en tête afin de le montrer aux lecteurs. Grâce à cela je me suis lancé dans la modélisation 3D qui, après la rencontre Babel, m’a aussi apporté pas mal de boulot et d’heures de créations d’illustrations et de couvertures pour la bande de oufs babéliens.C’est aussi grâce à eux que j’ai pu étoffer mes connaissances en la matière et aussi avoir une grande diversité de créations. J’ai l’impression d’être trop gentils envers eux, non ?
MT : Je ne te fais pas le coup de l’île déserte, mais si la fin du monde est pour demain, quel CD, quel film, quel livre conseilles-tu avant l’extinction de la race ?

TR : Déjà, si la fin du monde est pour demain je ferais autre chose que lire un livre, regarder un film et écouter un CD! Mais supposons que, vu la situation je me suis pris une envie de drogues illicites pour ce dernier soir, ce serait:Un disque : Pink Floyd : The Wall

Film : Le Seigneur des Anneaux de Peter Jackson

Livre : les trilogies de Thomas Covenant l’Incroyant de Stephen R. Donaldson

MT : Tes projets artistiques pour les qq années qui nous restent ?
TR : J’avais pensé à danseur étoile au Bolchoï mais après réflexion je continuerai la 3D (que je continue à étudier afin de faire encore mieux que mieux), une seconde trilogie sur Darkob et de la SF avec la série Jon March.
MT : Petit portrait chinois : si tu étais… Un plat
TR : L’osso-bucco
MT : Une époque
TR : Les années 70
MT : Un personnage de fiction
TR : Luke Skywalker (pour le fun), Chewbacca pour être viril
MT : Un lieu
TR : Londres
MT : Un jeu vidéo
TR : World of Wacraft parce que c’est le jeu mais m’a fait découvrir une passion du jeu en ligne.
MT : Un haïku
TR : 
古池や
蛙飛込む
水の音
(Pour les ceusses qui n’esgourdent pas le nippon : il est question d’une grenouille qui saute dans un étang)
Tom, merci pour cette franchise qui fera des émules, j’en suis sûre.
Marylin Tervioux, toujours à l’affût du scoop qui fera décoller sa carrière du marais poitevin, vous fait découvrir un autre de ces auteurs qui ont participé à l’émancipation littéraire de Stein.
Marylin Tervioux : Adam Joffrain, bonjour,
On vous connait pour vos participations aux anthologies Babel, la Ghilde des Mondes et précédemment gr746 sur le forum de Lulu ; vous êtes aussi le sympathique administrateur de Joffrain.Net, on vous retrouve même sur Amazon aux côtés d’auteurs prestigieux tels Robert Price (s’il vous plait !). Si on peut se tutoyer, je vous dirais tu. Des questions, des questions, histoire de brosser un portrait nature (et oui, je brosse Adam… Désolé.)
MT : Alors, Adam, on te connaît pour tes spleens et ta sombre plume, mais d’où te viennent ces humeurs ?
AJ : Marilyn, on se tutoie, sans souci, malgré ce jeux de mots absolument inédit pour moi, et d’une saveur littéraire des plus exquises ! Mes humeurs ? Mon état d’esprit ? Mon spleen et ma sombre plume ? C’est une culture, un besoin fondamental qui me permet, voyant toute chose sous le couvert de l’ombre de la mort, de me réjouir d’être vivant.
Contradictoire ? Je ne pense pas. La mort m’a caressé de son aile dans mes plus jeunes années, et je sais qu’elle est bien impatiente d’avancer la date de nos épousailles. Mais si je sais qu’elle est d’ores et déjà mon ultime maitresse, je lui dois bien de lui faire quelques infidélités en jouissant de la vie. Donc, mes pensées sont sombres, pour permettre à
mon âme de se réjouir du bonheur que chaque jour apporte. Ensuite, indéniablement, cet état d’esprit est le résultat d’une culture du fantastique littéraire que j’affectionne particulièrement. On digère ce dont on se nourri, pour essayer de le projeter dans son œuvre, en quelque sorte…
MT : Combien d’éons ont subi tes affronts scripturaux ?
AJ : Une vingtaine. Une trentaine si on y inclus les rimes maladroites de jeunesse.
MT : Quels sont tes maîtres, tes inspirations, tes dégoûts ?
AJ : Mes maîtres sont littéraires principalement. En tête figure Edgar Poe, et à sa droite se trouve H. Phillips Lovecraft. Sur la gauche se retrouvent une multitudes d’auteurs, anciens comme contemporains, tels que W.H. Hogdson, J.S. Le Fanu, Bram Stoker, de Maupassant, ou Wilum H. Pugmire. Au niveau musical, le maître des maîtres reste Alice Cooper. Mes inspirations sont diverses et très larges. Elles sont ce que je suis (ma vie, ma mort, ma maladie, les gens que j’aimais et qui ont disparu…), mais aussi ce qui m’entoure: la nature, principalement, des lieux vides de toutes présence humaine (Comme une grande partie du territoire Islandais), ou les chats. Ce qui me dégoute ? Ce qui me fascine le plus aujourd’hui: l’être humain !
 
MT : Qu’est-ce qui t’a amené à la rencontre des affreux de Lulu qui se sont réunis sous la bannière de la Ghilde des Mondes ?
AJ : Cette rencontre est le fruit d’un merveilleux hasard de surf sur le net. Je devais chercher « groupe d’auteurs amateurs », je pense, et à l’époque, il y en avait beaucoup, beaucoup moins que maintenant.
MT : Je ne te fais pas le coup de l’île déserte, mais si la fin du monde est pour demain, quel CD, quel film, quel livre conseilles-tu avant l’extinction de la race ?
AJ : Si la fin du monde était pour demain, je serais plutôt enclin à conseiller quelques bonnes marques de single malt, pour se biturer une dernière fois avant le grand saut. Cependant, le CD serait Love it to Death d’Alice Cooper, le film Le cauchemar de Dracula, de Terence Fisher, quant au livre, mon chouchou du moment est Some Unknown Gulf of Night de Wilum Hopfrog Pugmire… 
MT : Tes projets artistiques pour les qq années qui nous restent ?
AJ : Ecrire, écrire, écrire… pisser du sang sous la plume, verser des larmes sur les feuilles… écrire, écrire, encore et toujours. Et puis reprendre le dessin et la peinture. Peut-être.
MT : Petit portrait chinois : si tu étais… Un plat
Magret de canard, petits lingots.
MT : Une époque
Littérairement parlant, fin XIXéme, peut être…
MT : Un personnage de fiction
Le petit prince…

MT : Un lieu
Un pays ? L’Islande. Une ville ? Chinon.

MT : Un jeu vidéo
Aucun.
 
MT : Un haïku
Je suis vivant, car
Personne ne m’a instruit
De ma propre mort.
Donc, voilà, merci, bonne route, bonne plume, et encore merci pour les étiquettes ! (Etiquettes ? Ah oui, tégéstophilie, musée de la bière, tout ça…)
Marylin Tervioux, toujours à l’affût des talents de demain après-midi, rencontre cette fois un auteur dans la fleur de l’âge aux talents multiples : Leoncio Vincente Cervera Merino, aka LVCM
Marylin Tervioux : LVCM, bonjour,
On vous connait pour vos participations aux anthologies Babel, la Ghilde des Mondes et précédemment gr746 sur le forum de Lulu ; évoluant entre délires oniriques et drames lovecraftiens, votre talent couvre un large éventail capable de réjouir la multitude, mais alors…
MT : Alors, Leoncio, comment décrirais-tu tes univers ?
LVCM : Mes univers de fantasy au début ( et graduellement de plus en plus structurés d’ailleurs) sont devenus franchement sf, tel le noir se faisant blanc et le yin devenant yang. Ce sont les sacro-saintes lois de l’Inspiration et je peux difficilement dire quelque chose à leur sujet, vu que je me considère en perpétuel état d’apprentissage. Je peux simplement affirmer que je découvre mes univers en même temps que mes lecteurs, et que si tel n’était pas le cas il me serait tout bonnement impossible d’écrire. Actuellement je suis en train d’écrire mon second bouquin de sf, qui est un peu de côté pour cause de force majeure. Cette force majeure est encore top secret… 
 
MT : Combien d’éons ont subi tes affronts scripturaux ?
LVCM : Trop, beaucoup trop, mais ce n’est rien à côté de ce qui reste à venir ! 
MT : Quels sont tes maîtres, tes inspirations, tes dégoûts ?
LVCM : Mes maîtres sont divers et vont de Jung à Lovecraft, mais j’essaye de me distancier d’eux dans mes écrits et je ne pense pas que cela puisse se voir, c’est autre chose en fait pour mes articles prise-de-tête dans quelques fanzines… 
MT : Qu’est-ce qui t’a amené à la rencontre des affreux de Lulu qui se sont réunis sous la bannière de la Ghilde des Mondes ?
LVCM : Le hasard, en fait. Nous nous sommes connus sur lulu.com, un prestataire de service en print-on-demand puis nous nous sommes déplacés sur forumactif, avec la bannière de Babel la Ghilde des Mondes. C’est un forum à l’origine crée pour rassembler les auteurs libres et auto-édités, mais force est de reconnaître qu’il s’endort doucement, entre de brefs réveils sporadiques… Un peu comme Cthulhu, quoi ! 
MT : Je ne te fais pas le coup de l’île déserte, mais si la fin du monde est pour demain, quel CD, quel film, quel livre conseilles-tu avant l’extinction de la race ?
LVCM : Si c’était vraiment la fin du monde, je conseillerais plutôt un sac de couchage, quelques provisions et des chaussures de marche, une batte de base-ball et des vêtements chauds. On ne sait jamais! Mais bon, un bouquin, allez, La maison au bord du monde de William Hope Hogdson, et tous les Lovecraft. Un film? Je ne suis pas très cinéphile, en fait, et même pas du tout. Mais je supporte le Magicien d’Oz sans me lever de mon siège au bout de cinq minutes. Pour moi c’est énorme ! 
MT : Tes projets artistiques pour les qq années qui nous restent ? 
LVCM : Ecrire de la sf, mettre en branle le-dit projet encore top secret, lire, écrire, corriger pour Horrifique… Vous n’êtes pas encore débarrassé de moi! 
MT : Petit portrait chinois : si tu étais… Un plat
Des nouilles chinoises, n’importe lesquelles… Miam! 
MT : Une époque
Oh, je ne suis pas spécialement fan d’une époque en particulier. Celle où nous nous trouvons en ce moment même me convient relativement. 
 
MT : Un personnage de fiction
Randolph Carter ! 
MT : Un lieu
Mon petit village de Gestalgar, en Espagne. 
MT : Un jeu vidéo  
Mario Bros ! 
MT : Un haïku
La fleur qui tombait Remonte vers le ciel Ah ! C’est un papillon ! 
C’est mon préféré. Je dois reconnaître aussi que je n’en  connais pas d’autre. 
Hasta la vista !

Marylin Tervioux revient (de loin) et a décidé de se mettre à l’interrogatoire de vrais gens avec de vraies motivations de la vie réelle. Des gens qui écrivent, des artistes, des émotifs.

Marylin Tervioux : Frédéric Vasseur, bonjour,
On vous connait pour vos participations aux anthologies Babel, la Ghilde des Mondes et précédemment gr746 sur le forum de Lulu, ainsi qu’à vos fréquentes apparitions dans les recueils Dix de Plume. Votre grand coeur vous fait accoucher de Mosaïque, un recueil au profit de SOS Enfants et sans oublier votre oeuvre majeure, Les Veilleurs, sorti en 2010.
 
MT : Alors, Fred, on te connaît pour ton amour des chats et des vampires, à quand une histoire de chat-vampire ? Voir, telle une production grindhouse, un « La femme-chat vampire du Troisième Reich » ?
FV : Les Veilleurs et Svetlana se sont brièvement croisés dans un art book qui ne sera jamais publié (et dont je crois bien avoir perdu à la fois texte et illustrations). Je n’envisage pas d’autre cross-over pour des raisons de cohérence et de simplicité, mais il est vrai que c’est tentant. Argh.
MT : Combien d’éons ont subi tes affronts scripturaux ?
FV : Subi ? Mais c’est moi qui subis, qui souffre, depuis des temps immémoriaux !
MT : Quels sont tes maîtres, tes inspirations, tes dégoûts ?
FV : J’ai un modèle, auquel j’essaie de ressembler le plus possible : l’homme que je voudrais devenir. Il n’a pas de nom, il n’existe pas, c’est une projection de ce que je souhaite être plus tard. Aucun autre modèle, parce que j’essaie de ne pas me définir en fonction de quelqu’un d’autre. Je n’aime pas cette tendance de la société qui nous force à rechercher « le nouveau Machin ». Regarde en musique : on cherche le nouveau Freddy Mercury, la nouvelle Madonna, le nouveau Michael Jackson, etc. En littérature, le nouveau Stephen King, la nouvelle Patricia Briggs et ainsi de suite. Il est maintenant mal vu d’être soi-même, on doit être le reflet d’une lumière déjà en place.
Ce qui me parle, c’est assez varié mais il y a toujours un facteur commun : ce dont l’histoire me prend par les tripes et qui me rend accro. Le livre dont je sais que, si je le lâche avant la fin, j’en serai malade. J’aime être emporté et submergé.
A l’inverse, je n’aime pas ce qui met la forme au premier plan, quitte à masquer le fond. Les belles phrases au détriment de l’histoire.
MT : Qu’est-ce qui t’a amené à la rencontre des affreux de Lulu qui se sont réunis sous la bannière de la Ghilde des Mondes ?
FV : J’avais posté sur un blog quelques histoires à suivre, des trucs sans grande prétention (et sans haute qualité, il faut bien le dire). Plusieurs de mes lecteurs m’ont dit que le blog ne leur suffisait pas et qu’ils aimeraient bien un livre. Alors en cherchant comment en réaliser un, je suis tombé sur Lulu. Une fois en place, j’ai trouvé le groupe SFFF, à l’époque baptisé GR746. J’ai rapidement sympathisé avec son créateur, LVCM, de même qu’avec toute la troupe. Enfin, j’avais trouvé des gens qui partageaient mes centres d’intérêt, qui ne me regardaient pas comme une bête curieuse, et qui publiaient des histoires de qualité !
MT : Je ne te fais pas le coup de l’île déserte, mais si la fin du monde est pour demain, quel CD, quel film, quel livre conseilles-tu avant l’extinction de la race ?
FV : Côté livre, la Belgariade de David et Leigh Eddings (ainsi que sa suite et ses préquelles). En musique, Tubular Bells III de Mike Oldfield. Et pour le film, le Seigneur des Anneaux de Peter Jackson.
Ou alors les Dragons de Pern de Anne McCaffrey, The 2nd Law de Muse et Confidence de James Foley.
Il faut vraiment choisir ?
MT : Tes projets artistiques pour les quelques années qui nous restent ?
FV : Avec une amie co-auteur nous sommes en train de finaliser le manuscrit de Svetlana. Après quelques petites apparitions en autoédition et après une tentative ratée de publication (l’éditrice a arrêté son activité quelques mois avant la sortie du livre), ma petite vampire est enfin prête. En dehors de ça, j’ai écrit un conte pour enfants qu’une amie peintre est en train d’illustrer et qui a en principe déjà trouvé son éditeur. Puis j’ai sous le coude un scénario de BD basé sur une aventure inédite des Veilleurs. J’ai ensuite une histoire de SF qui me trotte dans la tête, ainsi qu’une palanquée de projets divers. A une époque, j’avais essayé de solliciter un groupe de Metal pour faire une BO à l’un de mes livres, j’aimerais bien que ça se fasse un jour.
MT : Petit portrait chinois : si tu étais… Un plat
Une fondue savoyarde.
MT : Une époque
Existe-t-il une époque où les gens s’exprimaient sincèrement, sans allusions, sous-entendus, sens cachés, etc ? Une époque où on était jugés sur ce qu’on était et pas sur ce qu’on semblait être ? Si oui, je suis cette époque.
MT : Un personnage de fiction
Doc Savage.
MT : Un lieu
La ville de Gruyères, en Suisse et la ville de Vannes, en Bretagne. Oui, les deux à la fois, je triche.
MT : Un jeu vidéo
Trine.
MT : Un haïku
Reflet sur la mer – Troublé par le vent d’automne – Lune jaune qui brille
Donc, voilà, merci, bonne route et bonne plume !
Marylin Tervioux : Après quelques semaines d’absence, me revoilà à la découverte de ces gens, de ces acteurs de l’ombre qui font la richesse culturelle de notre beau pays.
Cool Lichen : Poil aux mitochondries.
M.T. : … Donc aujourd’hui, Cool Lichen, sorti majeur de promotion de l’ENA en 1999 et membre du groupe PLBATG. Alors, M.Lichen, Qu’est-ce que PLBATG ?
C.L. : Oh, une billevesée avec quelques camarades de la résidence universitaire ; la légende urbaine qui véhicule traduit le sigle par "Propose la Botte A Ta Génitrice" ; mais notre transcription est plus lyrique : "Parti pour la Libération des Bourgeois par l’Atavisme du Truc qui Gène". Entendez par là l’accessoire ménager que nous aurions, d’après les jeunes de banlieue, engoncé dans notre fondement. Je vous le demande !
M.T. : Oui ?
C.L. : Non, c’est une figure de style.
M.T. : Ah, pardon. Bref, votre groupe propose des textes virulents et vindicatifs à l’encontre de toute discrimination de ce que vous appelez la "minorité favorisée".
C.L. : Tout à fait très chère. Cela suffit d’être considérés comme des assistés quand bien même mère nous repasse encore nos chemises et père nous prête la Mercédès le week-end pour aller à la Baule (très surfaite, la Baule, d’ailleurs). Nous voulons avoir les mêmes malchances que les autres, prendre des cigarettes de drogue, crier après 22 heures dans les rues de Lyon et graver nos noms dans l’écorce des arbres ! Par la malpeste !
M.T. : Et comment vous est venu l’idée du groupe de rap ?
C.L. : Le rap est le moyen d’expression employé dans les cités, il touche une majorité de gens de par sa structure musicale simpliste composée essentiellement d’extraits sonores d’autres titres plus ou moins identifiables et de paroles scandées de façon rythmique et facilement identifiables. Par exemple, dans notre morceau intitulé "Non à l’article L.623-5 alinéa 2 du code pénal", nous insistons sur les risques d’un régime social basé sur un prolétariat assis sur des privilèges qui datent d’une époque révolue. ça fait :
Nous marchons sur des charbons ardents
Oui je suis né avec une petite cuiller en argent
Mais ta retraite va y passer
Si tu te laisses marcher sur les pieds
Je suis le premier dans la danse
Mon père possède toutes tes créances
Que vas-tu faire de tes plus-values ?
Tu n’as plus qu’à te les foutre au c…
M.T. : ! EH bien merci Cool Lichen, on souhaite un grand avenir à ce groupe prometteur et ravageur qui va j’en suis sûr changer le visage du PAF !
C.L. : Mon oncle est le producteur du disque de toutes manières. Et puis si ça ne marche pas je ferai du détournement de fonds, comme père. Et je coucherai avec la bonne.
M.T. : Merci pour ces grands moments de poésie. Mon prochain interview va dépendre de notre public. En effet, le directeur de la chaîne m’annonce la mise en place d’un audimètre où nos fidèles lecteurs pourront décider de la tournée que j’effectuerai ! Alors à vos plumes et donnez-moi envie d’avoir envie d’interviewer des péquenots plus bêtes que méchants !